Le Louis d’or à la croisette de Louis XIII

Louis XIII, Louis d’or à la croisette, 1640 Paris
Or, 25,7 mm, 6,69 g, 4h
Dy.1304
TTB+, RRR

A/LVD. XIII. D. G. – FR. ET. NAV. REX
Tête laurée du Roi à droite, au-dessous (date)
R/(à 12 heures) .CHRS. – .REGN. – .VINC. – .IMP (différent).
Croix formée de huit L adossées, chaque bras étant couronné, lettre d’atelier dans un cercle en cœur, cantonnée de quatre lis divergeant du centre.

Estimation : 16000 EUR
Prix de départ : 10000 EUR

Très rare type, dit à la croisette, du maître de la Monnaie de Paris, Louis de la Croix, frappé au marteau entre le 22 octobre et le 31 décembre 1640.

Suite à la création du louis d’or en mars 1640, le gouvernement royal décida, pour sa fabrication, de mettre en concurrence la Monnaie de Paris, dite vieille Monnaie, qui frappait encore au marteau et était dirigée par le maître Louis de la Croix (écrit aussi Delacroix, avec différent une croix de Templier), avec la Monnaie du Moulin, qui frappait au balancier, dont le graveur et conducteur à la fois était Jean Warin, protégé de Richelieu.

Les trois espèces, louis, double louis et demi-louis furent ainsi frappés selon les deux procédés : marteau et balancier (moulin). Lorsque le public découvrit ces nouvelles espèces, il rejeta celles de la vieille Monnaie en les considérant comme fausses, du fait de leur différence de qualité esthétique et artistique avec les fabrications de Warin. Louis de la Croix bénéficia des services de deux graveurs bien connus : d’une part Jean Darmand Lorfelin, tailleur général des monnaies de France, d’autre part Claude Ballin, orfèvre du Roi (cf. le double louis en vente Vinchon expert, 30 mai 2017, n° 114).

Les monnaies gravées par Darmand Lorfelin montrent un portrait plus fin que celui de Ballin appelé autrefois, par ignorance, « à la grosse tête ». Ce portrait de Darmand Lorfelin est semblable à celui que l’on retrouve sur les demi-francs d’argent au millésime 1641 frappés à Grenoble (N° 3169 de ce catalogue) et à Arras à partir de coins gravés par le tailleur général.

Les monnaies d’or aux millésimes 1640 et 1641 de Louis de la Croix sont extrêmement rares et d’un grand intérêt historique. Seuls deux exemplaires connus de 1640 selon Duplessy (Collection Beistegui au Cabinet des Médailles de la BnF et vente Gallia n° 232, photo au n° 234 [1980£ en 1987 !]). Ces louis, au buste inhabituel et grossier et à la frappe imparfaite, seront interdits en janvier 1641.

Notre exemplaire est légèrement frotté au droit mais de très belle qualité. Rarissime et du plus grand intérêt, notre louis, frappé de façon traditionnelle au marteau, marque la fin de plus de 20 siècles de fabrication manuelle au profit du monnayage mécanique. Remerciements à Christian Charlet pour ses commentaires avisés.

Bibliographie : F. Arbez, C. Charlet, A. Clairand et J.-Y. Kind, les monnaies d’or frappées sous Louis Delacroix, maître de la Monnaie de Paris (1635-1642), BSFN septembre 2016, pp.396-402, avec comparaison Darmand Lorfelin / Ballin p.401 (photos).